Aujourd’hui porte un nombre dans ma vie aérienne : 18541. Il se trouve être un nombre premier. Ça me dispose à voir les choses autrement, le soleil brille plus simplement, la terre semble plus nue et dure sous le tilleul du Caucase. Aujourd’hui donc, je peux annoncer avec une certaine fierté qu’à 50 ans passés j’ai pu tenir un petit rôle dans « la comédie sociale ». C’est sûrement l’effet-nombre-premier qui me donne une grande confiance en moi.
Je disposais les tables pour donner un cours tandis qu’une dame (...)
Articles les plus récents
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« Faire la bise »
18541e jour -
Coloriage
18529e jourTant que je n’ai pas de diagnostic je ne peux pas affirmer que je sois, comme le dit si p/j/oliment Josef Schovanec, « une personne avec autisme » mais plus j’en apprends sur les TSA [1], plus j’en apprends sur moi − et il en va de notre humilité de n’ignorer aucune de nos faiblesses ni aucune de nos forces !
J’aimais beaucoup à l’école primaire, colorier les fonds de carte, en m’appliquant, orange, rouge, vert, et le bleu pour la mer et les rivières ! C’est ce qui se passe en moi : cartographie depuis (...) -
« Éphémérides »
18519e jourOn m’a accusé à tort, souvent et bien légèrement de psychorigidité. On m’a reproché avec dédain ou colère ce qu’on appelait mes « principes » et dans le meilleur des cas, on m’aura décerné le diplôme de vieux garçon .
Psychorigidité ? Il s’agit quand même d’un des symptômes de la paranoïa ! Cette inconséquence dans le choix des mots, cette détestable mollesse est si ordinaire, si normale que mon souci de précision lexicale s’y est très souvent noyé − quand il n’a pas simplement été heurté et vu comme une preuve (...) -
En une seule histoire
18518e jourElle a voulu que je parle de mon enfance. Elle l’a voulu d’une façon presque chirurgicale. C’était la fin du matin, le 14 janvier 2015 à la Maison de l’autisme à Bayonne, le bureau était clair, neuf et m’a semblé étroit. Le jour y tombait d’en haut, comme dans un puits, comme une neige, par une fenêtre qui m’a semblé lointaine.
Un demi-heure plus tôt, j’étais tombé en dévalant la rue Maubec. Quand je tombe c’est de tout mon long, de tout mon poids, sans aucune résistance. Il y a eu le bruit affreux de mes (...) -
L’écart est le même
18440e jourJe comprends mieux le pénible sentiment de l’enfant que j’étais, de n’être pas du tout à ma place − alors que chacun semblait être à la sienne − d’être ignoré ou pire rejeté (« tu ne fais rien comme les autres »), et je vous passe le long cortège d’humiliation de mon enfance solitaire et violente, en lisant sous la plume de Nadine Kirchgessner, une citation de Jean-Charles Terrassier« il y a autant d’écart sur le plan intellectuel, entre un enfant débile moyen et un enfant normal, qu’entre un enfant normal et (...)
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La méprise, le mépris
18423e jourJe ne me crois pas au centre du monde − contrairement à ce qu’on m’a si souvent reproché − je suis juste au centre de ce monde singulier qui étend son île simple à travers moi et alentour. Je présume qu’il en est de même pour chacun d’entre vous : chacun au centre de cette île.
Chaque autre est aussi seul et roi que vous − à lui-même son unique sujet.
Il est malheureusement très commun de considérer les autres comme des piétons piétinant votre île plutôt que comme des rois en ambassade.
Je ne suis pas (...) -
Éclipse d’anniversaires
18221e jourAujourd’hui, c’est aussi l’anniversaire du jour d’une intervention chirurgicale (a-t-elle à voir avec ces « opérations que font les physiciens sur l’air » ?) qui m’a plongé dans le coma il y a treize ans et m’a transformé, d’un coup de baguette de sourcier, en handicapé. Mais, c’est aussi, si j’en crois l’agenda de mon smartphone, l’anniversaire de naissance d’une dame que j’aime beaucoup et dont j’ai lu un livre qui a changé le cours de ma vie, mi-mars 2012.
Désormais, le deuxième anniversaire éclipse le (...) -
Quel est le point commun...
18187e jourQuestion : Quel est le point commun entre : Un magasinier qui trie des composants électroniques et se sent très seul Un copiste tenant un appui-main sur la toile esquissée d’un portrait du XVIIIe siècle Un musicien qui câble son studio en suivant un schéma. Un compositeur, une main encore posée sur le clavier, qui plisse les yeux en comptant sur ses doigts Un manutentionnaire qui, vers 3 heures du matin, tire un lourd palan derrière lui Un rêveur qui contemple le lien entre Dieu et les nombres (...)
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« Tout autre chose »
18170e jourUne émission disparue de la RTBF en 2012 et présentée par Martine Cornil, Les adultes à Haut-potentiel :
Contrairement à ce que des gens peu avertis pourraient croire, le Haut-potentiel ne s’accompagne pas nécessairement de mal-être ! Ce mal-être est la conséquence de la forme d’accueil qui lui est faite par notre socio-culture. -
J’abaisse mon parapluie
18160e jourParfois, lorsqu’il pleut − comme aujourd’hui − et que je marche contre le vent, j’abaisse mon parapluie devant mes yeux jusqu’à ne plus voir que les jambes des autres passants, et plus aucune voiture.
Voilà ce qui arrive quand on apprend à 48 ans que l’on n’est ni fou, ni incapable, ni incompétent... et qu’on est seulement, atypique, voire très atypique. Mais je me croyais bien idiot quand j’étais enfant, adolescent, peintre, jeune homme, professeur, malade, amant, artiste, mari, père... « tu n’es pas comme (...)